HISTOIRE DU KIMONO

Cette courte période de Azuchi-Momoyama (1582-1600) correspond aux débuts de la réunification du pays avec Oda Nobunaga puis Toyotomi Hideyoshi qui réussissent progressivement à rassembler les grands généraux indépendants des provinces (sengoku-daimyô) sous leur autorité et à constituer la base d'un régime féodal.
Ces quelques années sont considérées comme les plus productives dans le domaine artistique. Les grands commanditaires de la culture de cette période se résumaient aux chefs militaires et aux grands négociants urbains. Le quartier des tisserands de Nishijin à Kyôto constituait le centre de la production textile. Un goût accentué pour l'individualisme, le style libre, les motifs grandioses et les décors asymétriques caractérisa cette ère qui fut celle des grands décorateurs. Le
kosode fut porté par tous dans distinction de classe. Toutefois, cette culture avait aussi ses espaces de dépouillement et d'intimité et à l'inverse du luxe, de mode à l'époque, le goût était très vif pour des arts tranquilles et sobres (cérémonie du thé, théâtre , poésie).

LES FEMMES DE L'ÉLITE GUERRIÈRE
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観楓図屏風, Admirer les érables en automne (détails), paravent 16e siècle, Kanô Hideyori

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Les précieux tissus, jusque là importés de Chine, commencèrent à être produits au Japon avec quelques changements et remplacèrent peu à peu les textiles originaux. Ces techniques (brocart, broderies, nuihaku, etc…) permirent la création de somptueux kosode aux couleurs vives et ornés de luxueuses broderies qui furent accueillis avec enthousiasme par les femmes de l'élite guerrière. Elles abandonnèrent progressivement le hakama et commencèrent à porter un long manteau uchikake magnifiquement décoré. Sous ce manteau, elles portaient une tunique aigi au col croisé, le plus souvent blanche.
Il fallut trouver un substitut à la ceinture du
hakama qui permettait jusque-là de maintenir le kosode fermé et en place. Le obi allait remplir ce rôle à la perfection. Il n’était encore qu’une étroite ceinture de quelques centimètres de large. C'est ainsi que la mode féminine s'élabora ainsi peu à peu.

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Le koshimaki était une tenue de cérémonie estivale que les dames de la haute aristocratie militaire avaient adopté à l'époque d'Edo, à l'exemple des dames de la cour impériale de l'époque de Muromachi. Retenu à la taille, le koshimaki se portait sur le kosode, manches non enfilées, libérant ainsi le haut du corps et laissant voir la robe aigi du dessous, de sorte que le haut du vêtement pendait dans le bas du dos.

LES SOMPTUEUX KOSODE
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Portrait de Yodo dono (1567-1615), concubine et 2e épouse de Hideyoshi Toyotomi. Ce kosode aux couleurs en vogue à l'époque (brun noir) et ornementé de broderies avec ajout de feuilles d'or et d'argent est un modèle de keichô kosode, qui se développa au tout début du 17e siècle et fut porté par les femmes de l'élite guerrière.

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Portrait de femme du 16e siècle qui porte un kosode de type kata-suso, orné sur les épaules et au niveau de l'ourlet. Le obi bien visible est noué à l'avany mais ce n'est encore qu'une étroite ceinture.

Les kosode de cette période présentaient une grande originalité dans le choix des ornements et dans leur répartition sur la surface du vêtement. Si l'on compare avec les périodes précédentes, il apparaît clairement que la variété des motifs et la complexité des associations n'ont cessé de se développer. Les motifs floraux (chrysanthème, paulownia, saule, glycine, prunier, cerisier...), les motifs animaliers (phoenix, papillon, oiseaux...) ou les figures géométriques étaient disposés en combinaisons très libres et spontanées, selon les préférences de l'époque, pour le seul plaisir des yeux. Cette conception esthétique s'opposait fondamentalement aux critères de la période suivante d'Edo où les motifs choisis faisaient souvent allusion à des références littéraires ou poétiques. Ces motifs associés avec tant de liberté restaient néanmoins délimités dans des zones définies: épaules et bas du vêtement, motifs différents sur les deux moitiés du kosode, motifs en damiers avec associations de plusieurs «cadres» incluant des formes variées...

La répartition originale de ces motifs devait disparaître au début du 17e siècle pour laisser place à une nouvelle approche: en effet, ceux-ci allaient peu à peu se répartir sur toute la surface du vêtement sans être interrompus par les coutures.

La plus grande particularité des costumes de cette époque résidait dans l'utilisation des techniques ornementales suivantes:
tie and dye (nouer, lier, teindre): shibori-zome, une sorte de teinture par réserve grâce à laquelle on obtient une variété infinie de motifs
surihaku: applications de feuilles d'or et d'argent sur le tissu, fixées à la colle ou au pochoir.
nuihaku: broderies associées ou non avec des feuilles métalliques.
tsujiga-hana: technique tinctoriale décorative de la période de Muromachi et devenue populaire au sein de l'élite de la période de Momoyama. Les artisans se seraient inspirés des vêtements aux motifs teints portés par les classes populaires. La technique consistait à reproduire des motifs picturaux peints au pinceau à l'encre (kaki-e). C'était une pigmentation plutôt qu'une teinture: le décor était soit de style hakubyo, symbolisé par ses délicats contours ombrés, soit de style suiboku-ga, aux lignes épaisses ou fines, plus précises. Ces deux styles de peinture étaient aussi employés dans la peinture sur albums, rouleaux et paravents.
Plusieurs procédés pouvaient être associés: tie and dye (shibori), applications de coloris, broderies (nuihaku) mais cette technique particulièrement complexe et onéreuse ne dépassera pas le 17e siècle et sera remplacée par d'autres méthodes moins contraignantes.

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⬅︎ Ce kosode exceptionnel du 16e siècle fait partie du patrimoine culturel du Japon au titre de "Bien culturel important". La largeur de la robe et les manches étroites caractérisent les kosode de cette période. À noter, la modernité dans la répartition et la composition des motifs saisonniers brodés (fleurs de prunier, glycines, bambou sous la neige, feuilles d'érable).
➡︎ Katami-gawari kosode: ici, es motifs s'opposent de manière contrastée sur chaque moitié dans le sens de la hauteur du vêtement.

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Uchikake (1548-1624), entièrement recouvert de broderies aux motifs classiques (formes hexagonales de bon augure associées à des formes florales hanabishi à moitié dissimulées par des brumes ou des bans de sable (suhama). Détail des broderies à droite.

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Les kosode de type kata-suso, ornés seulement au niveau des épaules et de l'ourlet étaient très en vogue pendant la période de Muromachi et de Momoyama, avec un détail supplémentaire pour cette dernière période au cours de laquelle les motifs limités dans des espaces aux contours ondulants qui évoquaient des nuages ou des bans de sable (suhama) prédominaient. Fleurs et herbes, 16e siècle.

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Katasuso kosode (kosode orné au niveau des épaules et de l'ourlet) puis costume de théâtre en soie, au design moderne et audacieux (16e siècle). Les broderies ornent seulement les épaules, le col et le bas du kosode et sont associées à des feuilles d'or et d'argent (surihaku). De plus, les motifs diffèrent de chaque côté: bambou, fleurs de paulownia et phoenix à gauche et fleurs de saison à droite avec courbes ondulantes (tatewaku). Ces katasuso kosode dont la partie centrale restait unie, étaient en vogue au sein des classes de l'élite et portés avec un uchikake par-dessus ou avec un koshimaki noué à la taille, de sorte que seules les parties visibles de tous étaient ornées de broderies.

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Les motifs de ce kosode ornés de broderies et feuilles d'or et d'argent sont disposés en damiers (dan-kawari) et contiennent de nombreux thèmes saisonniers (16e siècle).


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Ce kosode au design osé arbore un découpage géométrique violet sur les épaules qui évoque trois formes en losange superposées (matsukawabishi). Le côté droit montre une imposante tige de bambou avec des feuilles qui se croisent. Les kamon sont ceux de la famille Tokugawa. Selon un document, ce kosode aurait été offert par Tokugawa Ieyasu au chef de l'école de kyôgen Sagi en 1610.

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⬅︎ Reconstitution d'un kosode ancien de l'époque Momoyama à partir d'un échantillon de tissu de type tsujigahana ⬆︎ auquel on a redonné ses couleurs d'origine (1999).

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Les kosode de cette période se portaient d'une manière caractéristique, ceci en raison de leurs manches courtes et de la grande largeur au niveau du corps.

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En effet, si le col était bien ajusté, le vêtement restait ample et peu serré sur le haut du corps.

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Artisans brodeurs et teinturiers (shibori-zome) s'affairent dans une échoppe.
Depuis la période de Muromachi jusqu'au début du 17e siècle, les kosode sont portés dans toutes les couches de la société et le commerce de vêtements se développe considérablement.
Détail de paravent, 17e siècle.

LES FEMMES DU PEUPLE
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Vendeuse de rue en kosode bicolore qui semble peiner et femme âgée avec kosode rapiécé.

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Vendeur ambulant de fripes et brocante et femmes vendeuses d'étoffes en tenue de voyage qui pouvaient aussi se livrer à la prostitution.
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle (version de 1759).

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Vendeuses de riz et de haricots secs (mame).
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle (version de 1759).

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Vendeuse de ouate (wata) et vendeur de gerbes de joncs (dont on faisait les nattes puis les tatami). 七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase)

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Vendeur de médicaments et vendeuse de fragrances diverses.
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle.

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Vendeuse de levain pour sake (kôji) et marchand de sel
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle.

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Cette courtisane de Kyôto coiffée à la mode chinoise est revêtue d'un long kosode à motifs en damiers caractéristiques, fermé par une grosse cordelette tressée rouge, l'ancêtre du obi.

"Aux 14e et 15e siècles, le statut socio-juridique des femmes se détériore même si dans la sphère privée, elles réussissent à conserver leurs droits sur les biens mobiliers. Les activités féminines se développent plutôt dans la sphère commerciale et financière (commerce, artisanat, spectacle). Le statut des dames galantes et des filles de joie se détériore. Entre le 12e et le 14e siècle, elles sont organisées en guildes dirigées par des femmes et la prostitution ne semble, à côté du chant, de la danse et du spectacle, que l'une de leurs activités. Passé le 15e siècle, elles passent sous la coupe de patrons et sont alors contraintes à la prostitution, voire vendues à des rabatteurs. Certaines dépendent d'une "maison", d'autres se déplacent d'auberge en auberge et le métier est désormais considéré comme vil". (Nouvelle histoire du Japon)
En 1589, un quartier des plaisirs vit le jour à Kyôto.

LES GUERRIERS: ARMURES ET TENUES
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Artisans, apprenti et client dans une boutique d'armures.

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Commandant d'armée en armure tôsei-gusoku et jinbaori.
De nombreuses guerres ont marqué l'histoire du Japon de la deuxième moitié du 15e siècle au 17e siècle. À cette époque, les guerriers rivalisaient en matière d'habillement pour se distinguer sur le champ de bataille. Les généraux et les daimyô en particulier, portaient un jinbaori, ou veste de bataille, comme ici, en cuir portée au-dessus de l'armure de façon à être était identifié ainsi qu'un casque (kawari kabuto) de forme extravagante et de grande taille qui était plus un point de mire, un casque de reconnaissance que de combat.
Les conflits impitoyables entre grands seigneurs (sengoku-jidai) qui tenaient leur autorité de leur seule force militaire et qui n'avaient pour seule ambition que de régner en maître sur leur territoire se poursuivaient sans fin avec des corps de fantassins toujours plus nombreux. Ce type de guerre aurait pu durer longtemps si en 1543, les armes à feu (arquebuse) n'avaient été introduites fortuitement au Japon par des naufragés portugais. Sur ordre des daimyô locaux, les forgerons eurent tôt fait de les copier avec précision et de les produire en grande quantité. Ces armes nouvelles révolutionnèrent les tactiques guerrières traditionnelles. La simplicité de leur maniement remplaça progressivement l'arc et devint l'arme par excellence des ashigaru.
Dans ce climat de guerre, les armures devaient être efficaces, produites rapidement et réparables tout aussi vite. La recherche en ce sens aboutit à une armure perfectionnée, le
tosei-gusoku: casque avec couvre-nuque, mentonnière avec gorgerin, cuirasse, courtes épaulières, jupe braconnière à sept tassettes, tablier d'armes à cuissards, jambières souvent avec genouillères. Désormais, les armures japonaises tendaient à adopter le blindage alors en vigueur en Europe et s'éloignait du style lamellé traditionnel.

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La similitude des divers types d'armure souvent simplement laquées de noir et le nombre croissant d'hommes impliqués dans les conflits conduisirent à des problèmes d'identification. Certains daimyô pour se démarquer portent des armures laquées d'or ou d'argent. Le daimyô Ii Naomasa du clan Ii (ii, 井伊), fondé en 1600 dans la province d'Ômi, adopta une armure laquée de rouge dont il équipa ensuite ses troupes, réputées pour leur vaillance ce qui leur valut le surnom de "diables rouges".
Ce général d'armée arbore une armure
tosei-gusoku laquée rouge. Le casque est posé sur un coffre de rangement hitsu.

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Commandant d'armée en armure kusari-gusoku. L'utilisation de l'étendard armorié sashimono permettait de différencier les combattants.

JINBAORI 陣羽織
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Ces vestes étaient portées au-dessus des armures par les chefs d'armée lors des campagnes militaires. Les premiers exemplaires ont été introduits au Japon à la fin de la période de Muromachi par les Portugais; ils étaient alors en lin ou en coton épais pour se protéger du froid et de la pluie. Au début de la période de Momoyama, le vêtement devint à la mode et les motifs se distinguèrent par l'expression d'une grande liberté et originalité. Plus tard, au cours des années Edo, le jinbaori devint plus un habit décoratif en soie, laine ou velours, vêtu simplement pour sortir.
➡︎ Éruption volcanique du mont Fuji.
⬅︎ Jinbaori ayant appartenu à Date Masamune (1567-1636), en feutre rassha violet rehaussé de pois aux 5 couleurs.

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⬅︎ Des faucilles croisées ornent le dos de ce jinbaori en feutre (rassha) rouge vif. Cette étoffe de laine européenne teinte avec un pigment coûteux est probablement arrivée au Japon par le biais du commerce avec les Portugais. L’utilisation d’une étoffe aussi chère était aussi une façon pour son propriétaire de marquer sa puissance.
➡︎ Jinbaori en feutre rouge orné d'un énorme rosaire.

KATAGINU-BAKAMA  肩衣袴
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Les uniformes des guerriers se sont considérablement simplifiés. Plus particulièrement l'ensemble suô qui a vu ses manches disparaître pour donner cette nouvelle tenue appelée kataginu-bakama pour un guerrier de haut rang. Cette version qui se portait sur un kosode blanc était plus pratique et existait dans plusieurs variantes. Elle a inspiré directement le kami-shimo de l'époque d'Edo.

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Oda Nobunaga (1534-1582) est un daimyô de la période
Sengoku-jidai et le premier unificateur du Japon. Il porte l'habit officiel kataginu-bakama (ce terme utilisé jusqu'à l'époque d'Edo sera remplacé par l'appellation kamishimo).

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⬅︎ Tenue kataginu-bakama portée au quotidien.
➡︎ Kosode noshime porté par les guerriers sous le kataginu-bakama, pour des occasions formelles. Le noshime est un kosode à kamon, avec au niveau des hanches une bande rayée ou ornée de petits motifs ikat (kasuri).

KARIGINU  狩衣
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Lettré en kariginu et samurai en hitatare avec son arc.

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À l'origine, la robe kariginu était portée par les nobles de la cour pendant la période Heian (794-1185) pour la chasse. Plus tard, il est devenu un costume de cérémonie. Les exemplaires de kariginu entièrement brodés sont extrêmement rares.
Période de Momoyama.

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Dans le théâtre , il est considéré comme une tenue de grand prestige, porté pour les rôles de personnages puissants tels que les démons et les empereurs.
De gracieuses grues tout en broderies dansent au milieu des roseaux sur un fond bleu nuit.

Les vêtements de chasse kariginu brodés sont très rares et il en existe peu d'exemplaires au Japon. Celui-ci est qualifié de "Bien culturel important" et présente les caractéristiques de la période de Momoyama et du début de la période d'Edo (16e-17e).
Ce
kariginu brodé de phoenix au plumage fleuri sur fond vert foncé. Période de Momoyama-Edo (16e-17e). Utilisé comme costume de nô. Un long travail de restauration a été nécessaire et il a maintenant retrouvé son prestige d'antan.

DÔFUKU

Le dôfuku est une veste mi-longue portée par les guerriers de haut-rang par dessus leurs vêtements ou leur armure, de la fin de la période de Muromachi jusqu'au début du 17e siècle. La figurine ci-dessous représente Toyotomi Hideyoshi dans un moment de détente (cérémonie du thé ou sortie pour aller admirer les cerisiers). Il porte une coiffe rouge, un kosode et un pantalon sashinuki en satin blanc, serré aux chevilles. Par-dessus cet ensemble, un luxueux manteau brocardé (dôbuku), sans oublier un éventail.

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Les dôfuku de cette époque, tout comme les kosode, se caractérisaient par leurs motifs audacieux et d'une grande liberté. Ici, de gracieuses branches de saule recouvertes de neige tout en broderies se détachent sur le fond bleu nuit de cette veste. (Don de Hideyoshi Toyotomi à un de ces alliés, 2e moitié du 16e siècle).

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Selon le "Livre de la famille Yoshioka" daté de 1755 qui l'accompagne, ce dôfuku a été offert par Tokugawa Ieyasu à Yoshioka Hayato, qui était responsable de la mine d'or d'Iwami (Shimane). Présence d'un porte sabre sur le côté gauche.

KOSODE AU MASCULIN  小袖
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Le kosode noshime, ou simplement noshime, est un kosode en soie avec un motif rayé ou écossais tissé uniquement autour de la taille. Ce type de kosode était à l'origine porté par les samouraïs sous leur daimon, suô ou kamishimo, et serait apparu au cours de la période Muromachi (1336-1573).

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Fleurs de mauve regroupées et teintes à l'indigo selon le procédé shibori-zome et dispersées sur toute la surface. Kosode porté par Tokugawa Ieyasu et orné des kamon de la famille.

LES GENS DU PEUPLE: ARTISANS, MARCHANDS AMBULANTS, MOINES, MENDIANTS, ACTEURS…
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Eta (à gauche) et itaka, moine mendiant qui vend de petites tablettes de bois sculptées en forme de stupa sur lesquelles il a inscrit un sutra ou le nom bouddhiste (kaimyô) d'un défunt reçu après sa mort.
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle (version de 1759).

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Vendeur de makura (repose-tête) et artisan qui fixe les bordures de tatami.
七十一番職人歌合 (Nanajû ichiban shokunin uta awase), milieu 16e siècle (version de 1759).

Les eta (avec les hinin) forment la classe la plus basse de l'échelle sociale. Ils vivaient de petits travaux artisanaux et exerçaient les métiers les plus rebutants: fabrication d'objets en cuir, de sandales de bambou…mais aussi exécution des condamnés à mort, enlèvement des carcasses animales…Ils devaient porter des vêtements unis avec un insigne en fourrure. Tout contact avec les autres classes sociales leur était interdit.

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Marchand de sel et vendeuse de levain pour sake (kôji)

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Acteurs de sarugaku (à gauche) et de dengaku. Ces spectacles de danses, d'acrobaties et de mimes se donnaient sur les estrades des fêtes de sanctuaires shintô et des monastères. Ils sont les ancêtres du théâtre nô.

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À droite, moine guerrier (sôhei) des montagnes (yama-hôshi, soldat du temple Enryaku-ji sur le mont Hiei) et moine soldat de Nara (nara-hôshi, moine du Todai-ji et du Kôfuku-ji), (à gauche).

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Moine mendiant avec sa flûte shakuhachi dans la ceinture et traducteur (hollandais), fonctionnaire employé comme attaché commercial en service principalement à Nagasaki ou Hirado pendant la période d'Edo.

VERS LES ANNÉES EDO

"À la fin du 16e siècle, Hideyoshi procèda à la séparation entre guerriers et paysans, en obligeant les samurai à s'intégrer dans la vassalité d'un daimyô et à s'établir dans les quartiers situés au pied des châteaux seigneuriaux. Cette mesure radicale eut pour objet de bloquer l'instabilité sociale chronique…
…Les Tokugawa divisèrent la société en 4 groupes distincts (
shi-no-kô-shô, 士農工商), les guerriers étant les dominants, les autres les dominés:
les guerriers bushi 武士 (6 à10% de la population): même de basse extraction, ils représentaient une forme de noblesse guerrière à côté de l'ancienne noblesse de cour. Ils avaient le droit de porter un nom familial, devaient porter les deux sabres à la ceinture et en public, étaient toujours accompagnés d'un ou deux valets. Leur statut leur donnait le droit de tuer sur place tout roturier qui leur manquerait de respect (kirisute gomen).
les agriculteurs, nômin 農民, (70 à 80%) occupaient le statut le plus élevé des classes populaires. Il fallait toutefois distinguer les notables aisés locaux, les paysans sans terre, les domestiques, les journaliers…
les artisans, shokunin 職人 et les marchands, shônin 商人 (10 à 15%) constituaient la population citadine roturière avec les propriétaires de boutique ou d'atelier et les locataires.

Les nobles, les moines et les parias n'étaient pas intégrés.

Souyri P.F, "Nouvelle histoire du Japon"

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