La capitale transférée de Nara à Heian-kyô annonça le début de la période de Heian (794-1192). La domination exclusive de la famille Fujiwara, la naissance et le développement des domaines, la multiplication des liens de clientèle marquèrent l'entrée dans un nouvel âge. Au début de l'ère, le Japon interrompit ses relations diplomatiques avec la Chine et l'on vit peu à peu naître un style proprement japonais dans tous les domaines (architecture, arts, écriture, costumes…).
Le système politique de la cour fut de plus en plus influencé par le cérémonial et envahi par le formalisme qui, à partir de la fin du 10e siècle, prit une importance considérable. Le protocole jouait alors un rôle central dans la vie de cour où les cérémonies constituaient la base du "gouvernement par les rites" selon la conception chinoise de tradition confucéenne. Le vêtement faisait l'objet de règles précises relatives à la combinaison des tissus, des couleurs et des motifs. Chacun devait trouver un équilibre subtil entre l'observation des règles de l'étiquette et son inspiration personnelle.
Courtisans et courtisanes se devaient d'afficher leur sens de l'esthétique et du raffinement en choisissant avec un soin particulier les associations de couleurs de leurs parures. Une réputation pouvait se faire ou se défaire sur le simple choix d'une combinaison heureuse ou malheureuse de nuances, toujours associées aux saisons.
Ce nom de plume fut utilisé par une dame lettrée de la cour, au cours du milieu de l'époque de Heian (10-11e siècle). Son roman fleuve, "Le Dit du Genji", est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature japonaise. Il a été écrit en kana et non en caractère chinois, pour un public féminin.
Ci-dessous, un portrait du prince Genji, selon les critères de beauté de l'époque.
Les critères de beauté typiques de Heian consistaient en une bouche boudeuse, des yeux étroits, un nez fin et des joues rondes. Le visage et le cou étaient peints en blanc et les lèvres étaient redessinées en rouge vif.
Les femmes de la noblesse impériale portent sur le visage et sur le cou une couche dense de poudre de riz appelée oshiroi. Vraisemblablement pour faciliter l'application de la poudre, elles rasaient leurs sourcils et peignaient sur leur front de nouveaux sourcils à la poudre noire qu'elles estompaient au pouce vers les tempes et qui rappelaient ainsi la forme des ailes de papillon (hikimayu). Cette pratique de reconstituer de faux sourcils près de la racine des cheveux provenaient sans doute de la volonté de donner un nouvel équilibre esthétique au visage doté d'un front très dégagé par la chevelure tirée en arrière. 100 types de beautés pour dépeindre les coutumes et attitudes anciennes et modernes ("Kinko Fuzoku Hyaku Bijin")
L'histoire du haguro remonte à la période de Kofun. Durant les années Heian, la technique de la teinture des dents en noir était pratiquée aussi bien par les hommes que par les femmes, et c'est bien la seule époque de l'histoire du Japon qui soit témoin de l'utilisation du haguro par la gente masculine. À cette période, avoir les dents laquées de noir était un luxe réservé aux nobles, à la famille impériale et à certains de leurs sujets. On teignait la bouche des jeunes enfants lors de leur passage à l'âge adulte: entre 12 et 14 ans pour les jeunes filles, et entre 11 et 17 ans pour les jeunes hommes.
La pratique du haguro sera prohibée en 1870
Les déclinaisons colorées du itsutsuginu en particulier imitaient les nuances présentes dans la nature et se révélaient au niveau du col, des poignets et du bas du costume grâce au décalage progressif de chaque robe. Ces subtiles variations qui étaient tout d'abord des choix personnels se standardisèrent et s'officialisèrent peu à peu pour constituer un code de règles esthétiques particulièrement complexe et rigoureux (kasane irome).
Superpositions de vêtements au niveau des manches: dégradé destiné aux occasions exceptionnelles en toutes saisons.
Superpositions de vêtements au niveau des manches: à partir du 1er octobre jusqu'en février.
Superpositions de vêtements au niveau des manches: à partir d'avril.
Pour réaliser la coiffure osuberakashi, on utilise un ensemble d'instruments appelé "kamiagegu" (objets pour relever les cheveux). En haut à droite, se trouve un peigne plat : "hirakushi". C'est l'instrument qu'on utilise en premier. Il est enfoncé horizontalement au devant de la perruque appelée "marukamoji". L'objet à gauche de l'image, s'appelle le "hirabitai" (front plat), il est placé debout à l'avant de la perruque, contre le peigne. Pour le fixer , on utilise un "hirakansaji" (épingle aplatie dans sa partie supérieure), que l'on passe dans les orifices qui sont au centre du "hirabitai". On utilise ensuite les "marukansaji" (épingles arrondies dans sa partie supérieure), enfoncées aux extrémités du "hirabitai" ainsi que des cordons violets pour attacher l'ensemble.
Chaussures portées avec le juni-hitoe.
Le "hiôgi" est un éventail fait de lamelles de cyprès du Japon : "hinoki". Il est porté avec le "juni-hitoe" et l'habit de cérémonie des femmes de la noblesse: le "keiko". Il se distingue du "hiôgi" des hommes par ses abondantes décorations comme les "kazarinohana" (décorations florales) et les "kazarinohimo" (noeuds décoratifs) faits de fils de six couleurs, etc. On le porte à la main, fermé et enroulé de ses cordons décoratifs.
C'est un accessoire en papier japonais, teint en rouge prune et replié. Il est toujours porté avec le "juni-hitoe", mais n'a pas de fonction réelle.
Cette tenue originale et protectrice, apparue à la fin des années Heian, était portée par les femmes aisées lors de leurs sorties, leurs déplacements et leurs voyages.
Elles revêtaient un manteau court uchigi par-dessus le hitoe et la robe blanche du dessous (kosode). Ce manteau était maintenu en place par une ceinture étroite (obi-kake) placée au niveau des épaules.
Sur les bords d'un chapeau à larges bords en jonc tressé était fixé une sorte de long voile qui avait un rôle de protection mais qui leur permettait aussi de voyager dans l'anonymat. Les robes courtes et de solides sandales de paille facilitaient la marche.
Des tabi (shitôzu), sorte de chausson sans séparation au niveau des doigts de pieds et fermés par deux cordons sont portés avec les tenues formelles.
Le kichō est une cloison de soie portable à panneaux multiples soutenue par une perche. Il est entré en usage dans les foyers aristocratiques pendant et après la période Heian.
Ils étaient souvent utilisés pour cacher les femmes nobles des regards du public lorsqu'elles visitaient des sanctuaires ou des temples, et pour offrir une intimité supplémentaire aux femmes à la maison. Des versions plus petites étaient portées par les assistantes féminines d'une femme de la noblesse afin de la cacher des regards du public lorsqu'elle voyageait.
Source: wikipédia
"Le pantalon rouge constituait le vêtement minimal qu’une femme de la noblesse portait quoi qu’il advienne, ainsi que le montrent les peintures médiévales.
Rouleau illustré sur l’origine du dieu Tenjin de Kitano. Cipango, et extrait de Fujioka Sakutarō 藤岡作太郎, Histoire de la littérature japonaise depuis l’époque ancienne-période de Heian 国文学全史 平安篇 (1905).
Le moine Ninshun est accusé à tort de conduite immorale avec une femme. Il prie pour l'intercession du tenjin, ou esprit céleste, du sanctuaire de Kitano, qui révèle que son calomniateur est une folle à moitié nue. Elle confesse sa calomnie et se met à danser sauvagement. Ninshun reçoit l'ordre d'accomplir des rites qui briseront le sort qui lui a été jeté, ce pour quoi il reçoit un beau cheval en cadeau de l'empereur.
Au début du 12e siècle, dans le palais de l'empereur Toba (1108-1123), prit naissance une danse féminine qui devint rapidement populaire et remplaça les autres danses dont les hommes avaient eu jusque là le monopole. L'accompagnement musical était limité à l'usage du tambour.
Le theâtre au Japon: Esquisse d'une histoire littéraire, Alexandre Bénazet
Ces danseuses appelées shirabyoshi se produisaient pour les nobles (kuge) et les guerriers de haut rang. Elles étaient toujours habillées en homme et vouaient leurs danses aux dieux. Elles étaient éduquées, savaient lire et écrire, maitrisaient la poésie, la musique et la danse.
Les shirabyōshi étaient reconnaissables grâce à leur tenue: un eboshi très haut sur leurs longs cheveux pendants, dont quelques mèches coupées raides revenaient sur les joues; un suikan, la blanche tunique aux manches énormes; un pantalon de soie rouge deux fois plus long que la jambe, si bien que ses pieds portaient sur le milieu du pantalon et que deux larges traines flottaient autour d'elle; dans sa ceinture étaient passés le sabre et le poignard; d'une main elle tenait l'éventail qui servait aux généraux comme aux dames du palais impérial; de la main gauche elle appuyait contre son épaule un tsuzumi (tambourin).
Technique utilisée pour dessiner les visages de la noblesse dans les yamato-e. Les visages des hommes et des femmes représentés de cette manière étaient à pommettes pleines, avec des yeux en lignes droites, un nez en ligne crochue et une petite bouche en forme de point. Les gestes et mouvements du corps étaient également réduits au minimum, les bras et les jambes étant cachés sous les robes.
Au début des années Heian, l'influence chinoise (dynastie Tang, 618-907) est encore présente dans les codes vestimentaires. Les vêtements que portaient l'empereur, son épouse et les dames du palais jusqu'au 5e rang lorsqu'elles étaient en service à la cour ou lors d'un cérémonial avaient été hérités de la Chine. Ils subirent peu de changements au cour de la période de Heian.
Ce n'est qu'à partir du milieu de l'époque de Heian que la vogue des vêtements à la chinoise perdit de sa faveur auprès de la noblesse. L'habillement ainsi que les coiffures féminines s'adaptèrent progressivement au goût japonais.
Les habits de cérémonie (sokutai pour les hommes et nyôbô shôzoku pour les femmes), de même que les habits ordinaires masculins (nôshi, kariginu, suikan) prirent des formes plus amples, à larges manches. C'est à l'époque des Fujiwara que se fixa la forme originelle du costume des nobles de cour (kuge).
Les gens du commun portaient le plus fréquemment le kosode, vêtement à manches étroites formé d'une seule pièce. Ce même kosode était utilisé comme vêtement
de dessous par les nobles kuge.
Le statut des femmes était déterminé par la naissance et le mariage. Dès sa naissance, la femme se trouvait recluse à la cour, un monde hermétiquement clos, sans espoir d'en sortir. Le choix de vie des femmes de très haute naissance était limité: elles pouvaient entrer au palais comme épouse impériale, devenir l'épouse d'un haut dignitaire ou nonne. Les épouses des hauts dignitaires menaient leur vie confinées dans leur résidence et entourées d'un nombreux personnel et avaient rarement l'occasion de quitter leur maison.
Les femmes de moyenne noblesse passaient aussi leur vie à la maison ou pouvaient être au service des épouses impériales ou des princesses. Seules les femmes du service intérieur du palais pouvaient participer à la vie publique.
Bien que totalement assujetties à l'autorité impériale comme à celle de l'homme en général et astreintes à une attitude de passivité et d'affabilité, quelques femmes d'exception (Sei Shonagon, Murasaki Shikibu) ne se laissèrent pas conditionner et refusèrent de réduire leur univers mental à leur habitation.
La cour s'isola dans un monde de littérature, de peinture et de plaisirs (poésie, musique, festivals et cérémonies diverses, voie de l'encens, mode vestimentaire...). Courtisans et courtisanes se devaient d'afficher leur sens de l'esthétique et du raffinement en choisissant avec un soin particulier les associations de couleurs de leurs parures qui ne manquaient pas de s'accorder à la saison, aux couleurs présentes dans la nature, au moment de la journée, à l'humeur, aux sentiments du moment... Une réputation pouvait se faire ou se défaire sur le simple choix d'une combinaison heureuse ou malheureuse de couleurs même si la garde robe féminine était moins exposée au public que celle des hommes.
Déclamer des poèmes saisonniers en admirant la beauté de la nature.
Peu de tissus et de robes d'autrefois ont pu être conservés mais les rouleaux peints de cette période montrent des personnes de la haute société vêtues de somptueux vêtements de soie qui témoignent d'un sens très développé des motifs et des couleurs.
Le costume féminin se répartit en trois grandes catégories:
● le costume d'apparât et les tenues formelles avec la tenue la plus somptueuse qui date de la fin des années Heian (nyôbô shôzoku ou itsutsu ginu karaginu mo), communément appelée juni-hitoe (douze tuniques) depuis l'époque d'Edo.
● les costumes semi-formels comprenaient un manteau court (ko-uchi) et un manteau long (hosonaga)
● l'habit informel, représenté par plusieurs styles de tenue.
Genji monogatari emaki: chapitre 4, Takegawa II.
Cerisiers en fleurs et atmosphère printanière. Deux dames de compagnie assises sur une véranda arborent de somptueux vêtements.
"Les femmes de l'époque de Heian ont les yeux étirés, une bouche menue mais les joues pleines. La clarté de leur peau (blanchie) anime la pénombre des demeures. Leur beauté se mesure à la longueur de leur chevelure qui doit excéder de cinquante cm environ la taille de leur propriétaire…
Le fard (blanc) pour le visage, utilisé par l'aristocratie, se propage parmi les courtisanes et les jeunes danseuses; il s'applique en couches de plus en plus épaisses.
L'usage de se teindre les dents en noir se répand à la cour pour se différencier des esclaves et des animaux…Les femmes s'épilent les sourcils pour redessiner à la place l'arc idéal, fin et long, à l'encre de Chine. Parfois, ils sont redessinés plus haut sur le front en formes estompées répondant aux noms poétiques de rossignol ou brouillards légers de printemps…L'ensemble doit apparaître immatériel et inexpressif, comme un masque de détachement de d'ennui composé pour mettre un paravent à l'expression de ses sentiments…Les hommes ne dédaignent pas y avoir recours. Au 12e siècle, les hommes de qualité, en particulier les nobles partant au combat, se maquillent, se laquent les dents et se parfument pour, suprême délicatesse, ne pas indisposer l'adversaire qui leur trancherait la tête".
Dominique Buisson, Esthétique du quotidien au Japon
Cette dame de la noblesse du début des années Heian est revêtue d'un costume de cour inspiré de la mode chinoise et à l'image de divinités féminines telles que l'on pouvait se le représenter.
Coiffée dans un style (ikkei) déjà en vogue à la cour de Nara avec une partie des cheveux remontés en chignon et laissé long à l'arrière. Elle arbore un maquillage (kaden) qui consiste à appliquer une touche de fard coloré entre les sourcils et aux coins de la bouche sur un visage blanchi.
Une petite veste brocardée sans manche (karaginu) est portée sur une tunique fermée par deux cordelettes décoratives (kazarihi) qui descendent à l'avant. Une longue écharpe (hire) blanche en soie semble flotter sur les épaules et une jupe plissée (mo) bleu ciel doublée d'une autre (shitamo) violet clair un peu plus longue sont maintenues par des ceintures.
Dame issue de la noblesse en service au palais impérial et auprès des nobles de haut rang. Elle porte le costume officiel mono-no-gu shôzoku que l'on pourrait assimiler à la tenue la plus officielle de toutes, à savoir le jûni-hitoe, qui signifie douze hitoe (tunique non doublée) mais qui en réalité n'en comporte pas autant et c'est la raison pour laquelle il vaudrait mieux utiliser le terme nyôbô-shôzoku qui signifie plus justement "costume des dames" et qui comporte un mantelet et une traîne.
À une époque où des règles particulièrement strictes avaient été émises concernant le costume, il faut noter ici quelques détails particuliers: 2 bandes de tissu (kuntai) qui tombent sur le devant de chaque côté du mo, une étole hire et une couronne en métal ornée de joyaux. Quant à la coiffure, les cheveux sont relevés à l'arrière et noué en une sorte de chignon au sommet de la tête.
Pour le reste, le costume est composé d'une succession de vêtements que l'on enfile dans l'ordre:
Dame de la haute noblesse en costume formel karaginu-mo no shôzoku (appelé communément de nos jours jûni hitoe). Ce costume fit son apparition vers la 2e moitié du 10e siècle et devint bientôt l'habit quotidien porté au palais par les épouses de hauts dignitaires, leurs dames de compagnie ainsi que les dames de compagnie au service d'un noble de haut rang. Il est l'équivalent du sokutai masculin.
Cette superposition de kimonos faisait ressortir la minceur du visage et la fragilité du corps enfoui. Les robes étaient faites de tissus de soie damassée de couleur unie ornée de motifs conventionnels (la laine n'existait pas et le coton ne fut introduit qu'au milieu du 16e siècle).
Dans la main droite, un éventail en cyprès et dans la main gauche, plusieurs feuilles de papier rouge orangé pliés dont le rôle n'est pas défini.Toutes les dames de la cour se cachaient le visage derrière un éventail en lames de cyprès.
Les cheveux sont portés très longs et déliés dans le dos.
En cas d'événements exceptionnels, la coiffure (osuberakashi) adoptée avec ce costume nécessite plusieurs accessoires pour la relever (peigne plat, hirabitai placé debout à l'avant de la perruque, diverses épingles kôgai et saishi). Une décoration métallique (kokoroba) en forme de rameau d'or ornés de fleurs de prunier est fixée au hirabitai. L'ensemble est complété par des décorations pendantes faites de longs cordons (hikage no ito).
Sous ces longues robes, les femmes continuaient à porter un hakama rouge vif ou blanc à même la peau sans autre sous-vêtement.
Cette tenue est encore portée de nos jours au palais impérial à l'occasion de cérémonies.
Le costume semi-formel itsutsuginu-ko-uchiki se compose d'un manteau court ko-uchiki en forme de kimono qui remplace la veste courte karaginu. Plus court que les vêtements du dessous (uchiki, les cinq robes (itsutsuginu), tunique hitoe, hakama rouge), il laisse voir le dégradé subtile du bas des robes. Les cheveux sont toujours d'une longueur impressionnante.
Le hosonaga est une autre variante de la tenue semi-formelle et ne comporte ni veste ni traîne. C'est aussi le nom d'un manteau long dont la forme est mal connue.
Jeune fille de famille noble en tenue hosonaga, souvent désignée comme "la robe d'une femme jeune de haut rang". Il existe plusieurs théories à propos de ce long vêtement qui présente plusieurs variantes. Il était toujours porté à titre privé comme première robe par-dessus un uchigi (composé de plusieurs robes), un hitoe et un hakama. L'ensemble était maintenu par une ceinture étroite, ateobi.
Les dames (issues de la noblesse) au service des nobles et de la cour étaient appelées nyôbô. Leur tenue quotidienne se résumait à un uchigi (composé d'une robe de dessus et de plusieurs robes de dessous en soie), une tunique blanche hitoe et un hakama rouge. Cette tenue était dépourvue de veste, de traîne et de manteau.
Cet ensemble d'hiver était porté au quotidien par les femmes de la cour. Le uchigi du haut est superposé avec un hitoe et une tunique blanche portée à même la peau. Même si les tissages épais étaient adaptés à la saison hivernale, il fallait parfois plusieurs couches de tuniques pour résister au froid. En bas, un long hakama rouge écarlate recouvre les pieds.
Une variante qui composait la tenue ordinaire à porter en privé était se superposer un uchiki court avec une robe de dessus (uwagi) et un kosode en dessous. Cette tenue est dépourvue de veste, de traîne et de manteau.
En été, les tissus sont légers et parfois ajourés. Le hakama rouge et la tunique blanche du dessous sont associés à un hitoe et un uchigi en soie ajourée par dessus.
Pendant les mois d'été où la chaleur est accablante, tous les milieux sociaux portaient portaient des vêtements en lin, en chanvre ou en fibres de bananier provenant des îles Ryûkyû (act.Okinawa).
Les nobles ne portaient qu'un hitoe-bakama, composé d'un kosode blanc et d'un hakama rouge à même la peau, qui constituaient la tenue la plus légère et la plus décontractée.
…"On peut comparer le pantalon rouge carthame des femmes qui formait un élément de la tenue d’apparat, aux pantalons que portaient les hommes, c’est-à-dire le pantalon bouffant dit sashinuki 指貫, ou encore le pantalon de dessus (ue no hakama 表袴) du grand costume de cour (sokutai 束帯). À la période précédente, c’est-à-dire aux 7e et 8e siècles, le système vestimentaire, dans le cadre du régime des codes, imposait en revanche un clivage sexuel entre les tenues de service à la cour. Les hommes portaient un pantalon et les femmes une traîne (mo 裳) qui est une sorte de jupe. Cette évolution du costume couvrant la moitié inférieure du corps, à partir des 10e et 11e siècles, a une signification importante. Dans l’enceinte du palais, espace peu étendu appelé kōmon 公門, tous les fonctionnaires masculins, quels qu’ils soient, devaient obligatoirement porter le hakama. Remontant à la mise en place au 7e siècle du ritsuryō-sei 律令制 (régime des codes), cette règle vestimentaire symbolisait la relation de soumission et de service vis-à-vis de l’empereur. On peut ainsi penser que le hakama, devenu une pièce réglementaire du costume de service à la cour, a ensuite été adopté par les femmes travaillant au même endroit, par exemple les uneme 釆女 (femmes en service auprès de l’empereur) ou les nyōbō 女房 (dames de cour)".
Cipango, extrait de Fujioka Sakutarō 藤岡作太郎, Histoire de la littérature japonaise depuis l’époque ancienne-période de Heian 国文学全史 平安篇 (1905).
Un kakeginu teint ou tissé et orné de motifs est porté autour de la taille sur un kosode blanc.
"Ces nobles dames mènent une existence oisive, dissimulées à l’ombre des stores, ou kichô, contrairement aux femmes de la classe guerrière dont le pouvoir s’accroît en province. L’idéal pour la femme de cour est avant tout la délicatesse et la sensibilité. Leurs longs cheveux tombent en cascade à leurs pieds et elles sont vêtues de robes superposées dont l’agencement est extrêmement important. Leur visage est fardé de blanc et leurs dents sont noircies. Bien qu’éduquées, elles se consacrent aux arts car le pouvoir politique leur échappe. "
Extrait du blog "0nna kagami", à propos de Sei Shonagon.
"L’esthétique de Heian est généralement symbolisée par un mode de représentation pictural dit hikime kagihana qui s’attache peu à la différence des sexes puisque les figures, qu’elles soient féminines ou masculines, ont les mêmes yeux réduits à un trait et le même nez en forme de petit crochet"…
…Je considérais également que cette esthétique était l’héritière d’une tradition japonaise très ancienne, déjà mentionnée au 3e siècle dans le texte communément appelé Gishi wajin den 魏志倭人伝 et se perpétuant dans les kimono actuels, qui veut qu’il n’y ait pas de réelle distinction entre les sexes en ce qui concerne les tenues vestimentaires. À ce propos, il faudrait insister sur le fait que le travestissement, c’est-à-dire la dissimulation de son véritable sexe, ne suscitait pas à l’époque de curiosité malsaine."
Cipango, extrait de Fujioka Sakutarō 藤岡作太郎, Histoire de la littérature japonaise depuis l’époque ancienne-période de Heian 国文学全史 平安篇 (1905).
Les femmes du peuple portaient souvent des vêtements de lin (ou d'autres plantes végétales) ressemblant à la forme du kosode, fermés par un cordon ou un tablier, simples et pratiques pour travailler. À partir du milieu de Heian, elles étaient vêtues d'un kosode, sorte de longue tunique ample à manches larges et tombantes, croisé sur le devant. Par-dessus, elles rajoutaient une sorte de jupe plissée retenue par une ceinture étroite, qui pourrait être un vestige de la jupe mo des périodes antérieures. Des motifs teints discrets ornent l'ensemble.
Les cheveux sont courts et retenus à l'arrière par un lien de papier (motoyui) épais.
Au cours de la période précédente de Nara, les courtisanes (aussi connues aussi sous le nom de asobime ou ukareme), étaient souvent d'anciennes miko (servantes de sanctuaires shintô) qui avaient perdu ou délaissé leur statut et vivaient dans l'errance en s'adonnant à la prostitution. À partir de la période de Heian, la situation change avec des courtisanes cultivées dont les poèmes apparaissent parfois dans les compilations de l'époque.
Cette courtisane de Heian porte un manteau uchiki sur un kosode mais dans un style facilement identifiable. Le bas est replié vers l'intérieur jusqu'à la taille et maintenu à l'aide d'un cordon kohimo. C'est une variante de la tenue de voyage classique évoquée ci-contre.
Les femmes de la noblesse portaient elles aussi un kosode avec un uchiki au quotidien.
Les vêtements masculins se transformèrent également.
Avec l'effondrement de la dynastie Tang en 907 et l'évolution des moeurs, l'apogée du style chinois fit place à une ère de culture nationale plus auto-centrée qui mettait l'accent sur les caractéristiques proprement japonaises.
Au début du XIe siècle, les costumes des hauts dignitaires et des guerriers de haut rang en service à la cour comprenaient une tenue officielle, le grand costume de cour sokutai, le costume semi-formel (hôko) et sa version simplifiée, le costume semi-formel allégé, ikan, portés lors de visites au palais impérial.
Le costume cérémoniel raifuku était réservé à l'intronisation et aux très grandes solennités (prémices, fête de Nouvel an…). L'empereur portait alors une tenue écarlate appelée ôsode (manches larges), à col rond. En-dessous, une chemise et une robe hitoe qui dépassaient de l'encolure et deux pantalons superposés rouge et blanc. Il était coiffé d'un bonnet kanmuri en gaze noire et d'une couronne en or, et tenait de la main droite le sceptre de dignité shaku.
"Les mœurs de l’époque faisaient que les nobles, même les hommes, se poudraient le visage et se fardaient, dessinant en vert jade leurs sourcils, noircissant leurs dents. Avec leur coiffe en forme de seau laqué et leur manteau fortement amidonné, ils avaient l’air de statues en bois grossièrement taillées. Cette tenue, dite « costume rigide » kowa shōzoku 強装束, loin d’être élégante, était plutôt d’une laideur monstrueuse. Le souci des formes, quand il devient excessif comme dans cet accoutrement, aboutit à un désastre".
Cipango, extrait de Fujioka Sakutarō 藤岡作太郎, Histoire de la littérature japonaise depuis l’époque ancienne-période de Heian 国文学全史 平安篇 (1905).
C'est un accessoire porté avec le sokutai (habit de cérémonie). À l'origine, il servait à porter, collées sur sa face intérieure, les notes dont on devait se souvenir lors des cérémonies.
Cette forme de couronne souple a été utilisée dès la période de Nara (710-794) jusqu'au début de la période de Heian. La partie arrondie qui épouse la forme du crâne était fabriquée en matériau laqué assez souple. Les cheveux sont rassemblés sur le haut du crâne et enserrés dans une sorte de coque souple (koshi) recouverte d'un tissu de soie (sha) dont les extrémités retombent à l'arrière.
Le style de la coiffe évolua à partir du milieu de la période de Heian (début du 10e siècle). La calotte et le koshi ne font plus qu'un. Une épingle transversale maintient l'ensemble.
Les personnages officiels coiffaient la couronne kanmuri (composée d'une calotte plate surmontée d'un ruban rigide) quand ils se rendaient à la cour et le eboshi chez eux. Les personnes sans fonction officielle portaient l'eboshi en toutes circonstances
À l'origine (7e siècle), l'eboshi était une sorte de toque souple en fin tissu de soie et faisait partie des costumes officiels des fonctionnaires. À partir du début du 12e siècle, la coiffe fut réalisée en papier renforcé de laque noire. Différentes formes apparurent, notamment le tate-ebochi (droit), le kazari-eboshi (sommet rabattu, le samurai eboshi (bonnet maintenu replié). Les différentes dénominations variaient selon les types de gaufrage et de laquage.
Asagutsu sont les chaussures portées avec le sokutai (habit de cérémonie). Elles sont en bois et le dessus est laqué en noir. A l'intérieur, sur la partie du haut est placé un coussinet en soie blanche.
À gauche, un éventail en lamelles de bois de cyprès (hinoki) et à droite, pour l'été, un éventail en papier plié à 5 branches qui évoque une aile de chauve-souris (komori, 蝙蝠), un animal qui porte bonheur en Asie..
Le kemari (balle frappée) était une forme de football, d'origine chinoise et introduit au Japon vers l'an 600. Ce jeu devint populaire pendant la période de Heian. Il se jouait (et se joue encore) en habit de cour, selon un style vestimentaire hérité de la période d'Asuka
Les incertitudes quant aux us et coutumes du début de la période de Heian sont encore nombreuses mais il est possible d'affirmer que le costume ci-dessus correspondait à la tenue formelle portée par un fonctionnaire civil jusqu'à la première moitié du 10e siècle. Il a été reconstitué et inspiré d'éléments connus du Ministre de la droite, Sugawara Michizane (845-903). La robe hô du dessus est un hôeki à col rond (cousu sur les côtés) et porté seulement par l'empereur et les hauts dignitaires. La couleur mauve est correspond au titre de 2e rang. Le bas du vêtement (ran) est une pièce de tissu rapportée cousue à l'horizontale. Sous le hô, il porte une robe shitagazane et un hakama blanc.
Le shaku est en ivoire et le obi en cuir est décoré d'éléments en bronze et d'améthystes. Une autre ceinture plate (hirahimo) fermée sur le devant permet de fixer le sabre. Les chaussures sont à bouts pointus et relevés (hanataka).
Le sokutai est apparu dans la 2e moitié du 10e siècle, selon les règles du code Yôrô, alors qu'on ne parlait que de chôfuku pour désigner les habits de cour. Il était toutefois encore très inspiré de la forme du costume officiel de la cour chinoise.
Réservé aux cérémonies officielles qui ont lieu à la cour impériale (nomination d'un shôgun, arrivée d'un messager à la cour, visite à Nikkô…) et aux procédures administratives, individuelles ou collectives surtout en présence de l'empereur, il est porté par l'empereur lui-même jusqu'aux dignitaires du 9e rang. La couleur des robes hô désignaient le rang de chacun: rouge foncé pour le 5e rang, vert ou violet clair pour les 6e et 7e etc… Ici, il est en damas noir, une couleur autorisée seulement au-dessus du 4e rang.
Le hakama du dessus (ue no hakama) montre un motif motif tissé quadrillé (arare) porté seulement à partir du 3e rang.
À noter que le sokutai des guerriers (bushi) présentait de légères différences dans la forme, ceci afin de faciliter leurs mouvements.
Le sokutai se compose de plusieurs pièces:
• un manteau (hô ou ueginu ou uwagi) coupé comme un kimono avec un col rond qui monte haut et rallongé dans le bas du dos par une bande de tissu. Les côtés étaient cousus pour les fonctionnaires civils alors que pour les militaires de haut rang, ils étaient fendus. Les couleurs varient avec les rangs occupés par chacun et les époques.
• une tunique hanpi à col croisé et manches courtes munie de pli en bas était portée surtout en été.
• une tunique à très longue traîne étroite (shitagasane), 4 m pour les régents, avec col rond. La couleur est choisie en fonction de l'occasion et la longueur indique le rang du personnage.
• une veste de dessous (akome) rouge ou blanche, à col croisé et coupée comme un kimono.
• une tunique hitoe rouge ou blanche qui descendait sous les genoux.
• un uebakama, pantalon de dessus en soie blanche et noué avec un cordon.
• un ôkuchi-bakama, culotte en soie rouge porté en dessous avec de grandes ouvertures.
• une coiffe kanmuri avec un ruban de gaze à l'arrière et dont la forme varie avec le rang.
• une ceinture en cuir laqué noir orné de pierres taillées (jade, agate)
• un sabre d'apparât, kazatachi.
• un insigne de dignité shaku, tenu à la verticale: planchette en bois où l'on pouvait coller un aide-mémoire sur l'intérieur lors de cérémonies.
• un éventail en lamelles de cyprès hyôgi placé dans la ceinture.
• quelques feuilles de papier repliées tatô-gami pour y écrire ou servir de mouchoir étaient placées avec l'éventail.
• des chaussettes en soie blanche étaient portées dans des chaussures en bois laqué noir (asagutsu), une sorte de sabots.
"Le costume de Heian", Charlotte von Verschuer (Cipango)
Assez proche du sukotai, il comportait le manteau du dessus, hô, fermé par une ceinture, les tuniques (hanpi, shitagasane, hitoe) et la veste du dessous (akome). Le pantalon intérieur (shitabakama) était recouvert par un pantalon du dessus (sashinuki) bouffant très ample, noué à la cheville. Au 11e siècle sa longueur était telle que les hommes marchaient dessus. Motifs et couleurs étaient choisis en fonction du rang et de l'âge.
Ce costume était porté comme le grand costume sokutai lors de cérémonies annuelles, de procédures administratives, de pélérinages etc… par les hauts dignitaires, les aristocrates mais aussi la petite noblesse. Il ne sera plus guère utilisé après la période de Kamakura.
Le ikan qui signifie "manteau et coiffe" était aussi appelé "costume de service de nuit" car il servait pour le service de nuit des fonctionnaires dans la résidence impériale.
Cette version allégée du sokutai ne comportait ni traîne, ni ceinture sertie de pierres. Le manteau du dessus rouge se fermait par une simple ceinture en soie. Le pantalon sashinuki violet était serré aux chevilles par des cordons. Ici, ce noble ne porte pas de chaussons blancs qui étaient autorisés seulement à partir de 40 ans.
En hiver, le ikan était associé à une coiffe, un éventail en cyprès et plusieurs feuilles de papier plié tatôshi sous le bras droit. Il deviendra plus tard un substitut du "grand habit" qui lui, n'était plus porté que lors des circonstances les plus solennelles.
Il servait pour les déplacements, les visites officielles et les affaires des fonctionnaires et courtisans au palais mais n'était pas admis en présence de l'empereur. Porté par les militaires et les fonctionnaires civils, il deviendra, à la fin de la période de Heian, la tenue des courtisans.
Le nôshi shôzoku est le vêtement ordinaire et informel de la noblesse de haut rang à l'époque ancienne et c'est en 818 qu'il aurait été réglementé et utilisé à partir du milieu du 9e siècle. Il se portait chez soi ou ailleurs, dans un cadre privé.
Le haut était composé d'une tunique ample à larges manches fermée sur le côté gauche. En dessous, le akome, une tunique intermédiaire qui dépassait légèrement en bas (idashi-ginu), devant et derrière. Le pantalon bouffant sashinuki était serré aux chevilles.
La forme du bonnet eboshi variait selon les circonstances et le lieu. La couleur du vêtement n'était plus imposée en conformité avec le rang social comme pour les autres costumes de cour, aussi l'appelait-on zappô (de couleur libre). Toutefois, il devait s'harmoniser avec les saisons et s'adapter à l'âge.
Les hauts dignitaires jusqu'au grade de second conseiller (chûnagon) et d'auditeur (sangi) pouvaient être autorisés (sur ordre impérial) à le porter quand ils se rendaient au palais.
Il existait une forme allégée du nôshi, sans pantalon bouffant mais avec un nagabakama seulement.
"Le nōshi est une sorte de manteau (hō 袍) destiné à un usage quotidien et porté par les membres de la famille impériale et les nobles de rang élevé. Il n’est pas soumis aux normes hiérarchiques de couleurs et pour cette raison, on l’appelait également zappō 雑袍 (manteau indifférencié) par opposition au ihō 位袍 (manteau [variant selon] le rang). La tenue complète est à peu près identique au ikan 衣冠 (tenue officielle simplifiée) : elle se compose, pour la partie supérieure, d’une ou plusieurs tuniques hitoe 単 (dont la première était portée à même la peau) et d’une robe dite akome 衵 portées sous le nōshi et, pour la partie inférieure, du shitabakama 下袴 (pantalon de dessous) et du sashinuki 指貫 (pantalon bouffant) qu’on met dessus. À tout cela s’ajoute le bonnet (eboshi 烏帽子) ainsi que l’éventail, en lamelles de cyprès l’hiver (éventail dit hiōgi 檜扇) et de type « chauve-souris » (kawabori ōgi) en été. À partir de la fin de l’époque de Heian, il arrivait que l’empereur octroie aux hauts dignitaires ou à leur fils l’autorisation de se rendre au palais en nōshi. Ceux-ci remplaçaient alors le bonnet par le kanmuri 冠, coiffe généralement associée à la tenue d’apparat. L’ensemble est donc une tenue mixte appelée kanmuri-nōshi 冠直衣 (habit informel assorti de coiffe)".
Cipango, extrait de Fujioka Sakutarō 藤岡作太郎, Histoire de la littérature japonaise depuis l’époque ancienne-période de Heian 国文学全史 平安篇 (1905).
Cet officier de la cour impériale du 5e rang muni de son arc porte un sukotai d'été. La partie souple de la coiffe ken-ei est enroulée sur elle-même et sur les côtés, un ornement oikake fait de crin de cheval teint en noir est disposé de chaque côté au dessus des oreilles. La robe hô rouge en soie sha à col rond est un hitteki, porté par les militaires; les coutures de côté ne sont pas cousues et il ne comporte pas le ran, cette pièce rajoutée sur le bas des robes. En-dessous, il porte un tunique sans manche hanpi bleu indigo, un shitagasane (avec la traîne), un hitoe rouge, et un hakama de dessus (ue no hakama). La ceinture sekitai est ornée de joyaux. Sur le côté droit est suspendu un insigne de dignité gyotai. Un shaku, des feuilles de papier tatô et un éventail en cyprès sont passés dans le devant de la robe. Dans le dos, des flèches sont disposées dans un carquois ornemental hirayanagui.
Le hitatare était un vêtement de nuit molletonné, porté par les nobles. Il devint par la suite, le vêtement ordinaire des nobles et des guerriers, puis l'habit de cérémonie des familles de guerriers. Il comportait deux parties: un hakama (à droite, en version longue) qui se portait au-dessus d'une tunique à manche plutôt courtes et dont le col croisé était déjà celui du kimono actuel.
À l'époque de Kamakura, le hitatare devint le vêtement ordinaire des bushi qui le portaient sous leur armure.
Le kariginu était un costume civil, non-officiel porté habituellement pour aller à la chasse (aux faucons notamment). À l'origine, il était appelé hoi 布衣 (vêtement d'étoffe). Avec le temps, son usage a changé et il est devenu l'habit quotidien porté par la petite noblesse (fonctionnaires civils et militaires de la cour). Les fonctionnaires du 5e rang et au-dessus devaient porter un kariginu aux motifs tissés et à doublure et ceux du 6e rang et en dessous un kariginu sans motifs tissés et sans doublure.
L'encolure était ronde. Les manches longues ne recouvraient pas les mains et n'étaient attachées au buste qu'au niveau des épaules et pourvues de cordelettes d'attache, ceci pour faciliter les mouvements et exhiber les somptueux tissus des tuniques aux motifs tissés du dessous. Simple habit de chanvre au début, il devint de plus en plus luxueux jusqu'à ce que des édits interdisent les excès et soient publiés à plusieurs reprises.
Il se portait avec une coiffe eboshi.
Le pantalon sashinuki ou le pantalon de chasse karibakama était bouffant.
C'était aussi l'habit des subalternes, des suivants et des porteurs de palanquins dans les cortèges et les pèlerinages. Actuellement, le kariginu est encore porté par les officiants des sanctuaires shintô.
Par la suite, les guerriers du Moyen-âge et du bakufu d'Edo le porteront comme vêtement "correct".
Les tenues des guerriers qui résidaient dans leur province étaient dictées par leurs préférences avec notamment une tenue portée au quotidien (hitatare), pratique et confortable et un ensemble tunique-hakama appelé suikan, plus officiel.
Les kanjis qui composent le terme suikan 水干 signifient "laver à l'eau et sécher". Cette casaque en chanvre ou en soie était empesée avec de l'eau avant d'être mise à sécher. À l'origine, il était porté par les gens du peuple et les fonctionnaires sans rang. Le suikan fit son apparition vers le milieu de la période de Heian et sa forme était identique à celle du kariginu: le col était rond (agekubi) mais comportait 2 cordons au niveau de l'encolure. La couleur et les motifs n'étaient soumis à aucune règle.
Les jambes du hakama restaient bouffantes et étaient resserrées dans des guêtres habaki (en roseaux tressés), utilisées lors de sorties. Fin Heian, la mode était aux ornements originaux et il n'était pas rare de voir toutes sortes de décorations (tsukemono) rajoutées sur les vêtements.
De petits éléments décoratifs de forme ronde et bien visibles qui ressemblaient aux fleurs de chrysanthèmes (kikutoji) étaient disposés au niveau des coutures pour les renforcer.
Le personnage de droite est un hôben (délinquant, malfrat, homme de main) de la fin Heian qui assistait les policiers et contrôlait les quartiers et fournissait des informations bien qu'ayant déjà été condamné à des peines légères puis relâché.
C'est à partir de la période de Kamakura que les guerriers (bushi) et les nobles s'approprièrent le suikan. Les guerriers le porteront comme tenue formelle au même titre que le kariginu.
Garde impérial en uniforme kachi-e.
Ce militaire de rang inférieur (au 6e rang) porte un habit dont les manches et les côtés sont cousus, comme c'est le cas aussi pour le ketteki-hô. Sur chaque côté de la coiffe hoso-ei, au-dessus des oreilles, une décoration en forme d'aigrette en crin de cheval était fixée formant un bel arrondi (on retrouve ces petits détails sur les poupées hina-ningyô). Sous l'uniforme, un hitoe et un hakama bouffant à l'ourlet remonté (kukuri-bakama). Des guêtres habaki en roseaux tressés protègeaient le bas des jambes avec des chaussures en paille tressée (waragutsu) ou des sandales midare-o). Il porte un sabre laqué noir et un arc et des flèches.
Lorsqu'ils escortaient des nobles ou convoyaient de hauts personnages, leurs habits étaient ornés de grands cercles teints (surimono) en forme de chiens-lions ou d'ours qui variaient en fonction de la province qui les employaient.
Instabilité sociale et insécurité règnent au 10e et 11e siècle et une partie des élites de province se militarise, organisant de manière indépendante des milices privées donnant ainsi naissance à un nouveau groupe social, celui des guerriers bushi.
Scène du rouleau Kasuga gongen genki-e réalisé en 1309 (Le clan Taira quitte la capitale).
Le samurai avait besoin d'une armure qui allie résistance et légèreté. On utilisa donc diverses armures constituées d'un assemblage de plaquettes métalliques solidement lacées les unes aux autres. Les lamelles des yoroi se présentaient comme de petites écailles de fer liées ensemble pour obtenir une bande horizontale hermétique généralement laquée en noir.
En assemblant plusieurs bandes qui se chevauchaient légèrement, on arrivait à former une armure. Les lacets (en cuir ou en soie) étaient teintés de couleurs voyantes. Le dos, le devant et le côté gauche formaient une seule pièce. Les épaulières (sode) fixées dans le dos protégeaient le dessus des bras mais laissaient les avant-bras sans protection. La manche était une longue pièce de tissu sur laquelle étaient cousues des plaques de métal. Cette tenue restait peu adaptée aux combats à pied. D'après "Les samourais", S.Turnbull
C'est à la fin de cette époque que l'usage des armures se développa considérablement. Ce chef d'armée porte un ô-yoroi, l'uniforme le plus solennel. La visière à l'avant du casque (maedate) est orné d'un kuwagata, dont la forme évoque la houe (kuwa) des paysans. Sous l'armure, il porte un hitatare.
Il existe peu d'informations sur les tenues des domestiques et autres serviteurs qui n'avaient aucun statut et n'occupaient aucun rang. Toutefois, à partir des silhouettes apparaissant sur les rouleaux peints (emaki mono), on a pu définir plusieurs styles de tenues de travail appelées meshi-gu shôzoku.
Ces tenues de travail (fukin) qui ressemblaient beaucoup au kariginu étaient en lin.
① Le taiko, d'un rouge délavé, était réservé aux serviteurs des nobles de haut rang. Le haut des manches au niveau des épaules n'était pas cousu permettant ainsi une bonne ampleur de mouvements. Le hakama (ko-bakama) blanc du dessous descendait jusqu'au chevilles mais il était possible de le remonter sous le genou ce qui facilitait la marche et les mouvements. La coiffe était de type tate-eboshi. Alors que la plupart des gens du peuple se déplaçait pieds nus, les anales de paille étaient considérées comme un luxe.
Ici, le serviteur porte dans sa main gauche une bâche (amakawa) bleu-vert en soie traitée à l'huile de sésame pour protéger les boeufs de la pluie.
② Serviteur chargé de la nourriture des boeufs et des chevaux. Ce sont les boeufs qui tiraient les lourds et luxueux chariots utilisés par les nobles pour se déplacer. La tenue ikai composée d'une casaque rouge associée à un hakama noir s'est transmise sur plusieurs générations. Coiffe tate-eboshi.
③ La tunique hakuchô (白張) en lin blanc montrait un aspect empesé et rigide, dû à un procédé d'amidonnage appliqué sur le tissu. Les serviteurs chargés de tâches diverses qui la portaient se nommaient hakuchô (白丁). Ils étaient chargés de porter les chaussures, les torches, les ombrelles et autres parapluies des nobles et prenaient place de chaque côté des chariots lors des déplacements.
La culture populaire au Japon s'est forgée à partir du monde paysan (travaillant la rizière, vivant de la montagne ou de la mer) lié aux cultes animistes et aux fêtes paysannes et du monde des artisans. On connaît mal les moeurs des gens du commun du Moyen Age mais cette culture a pu être diffusée grâce à une population itinérante peu nombreuse à la fois crainte et respectée comme les prêtresses (miko) pratiquant souvent le chamanisme, les moines mendiants, les musiciens aveugles, les danseurs et autres saltimbanques. Ce sont eux qui en parcourant le pays de long en large diffusèrent une certaine culture populaire qui se développa en marge des coutumes et des valeurs de la cour particulièrement raffinée à cette époque.
Les populations rurales qui vivaient dans des régions isolées tissaient des étoffes grossières à partir des fibres de glycine et de mûrier qui fournissaient également la matière première pour la fabrication du papier.
Les gens du petit peuple de Heian continuaient à porter des kosode (forme simplifiée du futur kimono) grossiers tissés en chanvre ou autres fibres végétales. Ces mêmes kosode portés à l'extérieur par le peuple étaient utilisés comme vêtement de dessous par les nobles.
Une autre tenue était le hitatare qui était constitué d'une tunique courte ou d'une veste à manches étroites fermée devant et qui était rentrée dans une sorte de pantalon hakama fermé par une ceinture. Le col officier des costumes aristocratiques est remplacé par un col croisé. La largeur des manches peut se régler par des cordelettes et faciliter ainsi les mouvements. Les jambes du hakama étaient remontées (kukuri-bakama) et rentrées dans des guêtres. Ils portaient de simples sandales en paille tressée.
Les guerriers de la fin de Heian commencèrent à adopter cette tenue pratique qui devint le vêtement ordinaire des nobles et des guerriers. Plus tard, les familles de guerriers l'utilisèrent comme vêtement de cérémonie.
Les couleurs vives et contrastées des costumes des périodes d'Asuka (552-645) et de Nara (645-794) issues de croyances magico-religieuses étaient intimement liées à l'art bouddhique et à l'influence sino-coréenne. Les teinturiers chinois qui officiaient à la cour instaurèrent cinq couleurs officielles en plus du blanc (jaune, pourpre, rouge, bleu-vert et noir). Celles-ci appartenaient à un système philosophique et religieux complexe et indiquaient les rangs occupés au sein de la cour.
En 603, un système inspiré de cette pratique chinoise fut appliqué par Shôtoku Taishi et permit également de définir les rangs et statuts officiels du gouvernement (kurai iro).
La palette des costumes de cette époque montre des nuances subtiles de mauve, violets, jaunes et verts, des dégradés de roses, de rouges, de bleu-ciel et de blancs. Le noir et les couleurs sombres étaient peu appréciées car elles marquaient une rupture avec la cour (exil, vie monacale, deuil).
Les teintures des tissus constituaient une tâche pratiquée au sein des demeures aristocratiques. La maîtresse de maison supervisait les travaux et son sens de l'esthétique ainsi que ses connaissances techniques déterminaient la qualité des couleurs et leurs infimes nuances. Les vêtements qui étaient alors tissés dans des couleurs unies ne présentaient pas de motifs complexes.
Certaines couleurs étaient strictement interdites car portées par l'empereur ou ses proches.
Hazenoki, couleur du hô de l'empereur.
Ôdan, réservé au prince héritier (hô)
Aoiro, couleur du hô de l'empereur.
Kokiaka, réservé à l'empereur retiré (hô).
Komurasaki, réservé aux hauts rangs (hô).
D'autres couleurs avaient mauvaise réputation et il valait mieux éviter de les porter en temps ordinaire. Il arrive que sur les documents on puisse voir des robes hô noires sur les hauts dignitaires au-delà du 4e rang mais en réalité il s'agit d'un violet qui s'est assombri.
Nibi-iro
Kuro-tsurubami
Usunoru
Kanzô iro
Aonibi iro
Kôji iro
L'adaptation des motifs continentaux (Chine) à une préférence “nationale” (yûsoku moyô) a donné naissance à des représentations qui furent conservées et adoptées par les générations suivantes des classes guerrières de la période de Kamakura pour finalement être assimilées, bien plus tard, par la majorité de la population.
Les modèles de ces motifs sont inspirés d'éléments de la vie quotidienne: cercles, losanges, polygones, lignes croisées, arabesques, lignes courbes, faune et flore... et l'on retrouve un bon nombre de ces motifs sur les tissus des kimonos actuels.